Chapitre 14

Chapitre XIV : Maison des Hypoget à Capitale :
JOUR 5, midi :

Finalement je suis content de mon œuvre. Désormais, Dimitri arbore une magnifique chevelure noire de jais. Je ne savais pas que c’était si facile de se faire une coloration. Trente minutes et c’est fini ! En fait, le plus dur avait été de trouver un magasin qui vendait ce produit dans une couleur que l’on pouvait qualifier de normale.
Je sonne à la porte de mes parents.
« J’arriiiiiiiiiive ! » Ma mère vient nous ouvrir, elle semble surprise de voir que j’ai emmené quelqu’un avec moi. Je préfère laisser Dimitri chez mes parents le temps que je prévienne mon patron que je prends mes congés et aussi pour que je puisse faire mes valises correctement. Ce n’est que pour quelques heures mais j’ai tout de même un peu d’appréhension, je le connais à peine et je lui fais déjà assez confiance pour le laisser seul avec les êtres qui me sont le plus chers. Croyez bien ce que vous voulez mais quelque chose en moi me dit que c’est la meilleure chose à faire. Ca vient peut-être de mon don… Moi serait fière si elle savait que je commence à me poser de vraies questions quant à mon anormalité.
« C’est étrange, Mélian ne nous a jamais parlé de vous. » Je suis soulagé qu’ils ne m’aient pas demandé plus d’informations sur mon travail hier, cela me permet d’inventer que Dimitri est un ami que j’ai rencontré à l’Extérieur et avec qui je pars en expédition quelques jours.
Ma mère apporte des amuses-gueules et des boissons. J’avais déjà remarqué le matin que Dimitri mange lentement et déguste chaque bouchée avec beaucoup de plaisir. Ma mère a l’air ravie de le voir manger d’aussi bon cœur.
« Vous voulez bien veiller sur lui pendant que je m’occupe de notre départ ? » Je connais déjà la réponse mais par politesse je pose la question.
« Bien sûr, tu sais bien que tes amis sont toujours les bienvenus ici. C’est vrai Dimitri, notre maison est toujours ouvertes aux amis de nos enfants. » Il la remercie maladroitement, à mon avis, on n’a jamais dû être très tendre avec lui. Même quand on oublie tout, certaines choses restent gravées à tout jamais dans notre chair comme par exemple l’amour ou la haine.
Ma mère quitte la pièce pour aller vérifier que son rôti ne brûle pas.
« Que faites-vous dans la vie ? » Mon père qui jusque là était resté silencieux commence à son tour à être intrigué par Dimitri.
« Pour l’instant je ne fais rien. Mais j’ai l’habitude de travailler comme homme de main. » Mais qu’est-ce qu’il vient de dire ? Il a l’air lui même surpris par ce qu’il vient de révéler de lui. Il s’agit peut-être d’un lapsus révélateur, il se rappelle peut-être de quelque chose. Je lui lance des regards assassins.
« Homme de main ? » Je n’avais jamais vu mon père aussi surpris avant aujourd’hui.
« Oui, en effet, je joue les gardes du corps, je fais de la protection, ce genre de petits boulots. » Ca c’est ce que j’appelle du rattrapage ! Mon père semble soulagé.
Avant de passer à table, je prends comme excuse le fait que nous ne nous sommes pas lavés les mains pour m’isoler et ainsi parler à Dimitri.
« Belle récupération, mais à l’avenir, évite ce genre de choses. » Je me savonne énergiquement les mains et les avants-bras, c’est une habitude que j’ai prise depuis que je fréquente les blocs opératoires.
« J’essaie de faire de mon mieux mais je suis trop nerveux pour pouvoir correctement lire dans leurs pensées. » Le savon lui échappe des mains et va s’écraser mollement dans le fond du lavabo.
« On peut communiquer correctement avec les gens sans avoir à lire dans leurs pensées ! » Il ramasse la savon et le pose dans sa boite.
J’ai remarqué quelque chose d’autre, Dimitri est un maniaque du rangement. Alors que j’étais parti en quête de sa teinture, il a rangé tout mon appartement. Même mes chaussures étaient parfaitement alignées dans le placard ce qui était une première pour elles. Dimitri est une vraie tornade blanche !
« Alors où allez-vous vous rendre ? » Le pseudo voyage que nous allons faire semble inquiéter ma mère.
« Nous allons partir vers l’est, là où se trouve sûrement Gaëlle. » Dimitri me lance un regard en forme de question.
Après avoir aidé à faire la vaisselle et juste avant de partir, mon « ami » me demande pourquoi j’ai menti.
« Si jamais la section 20 découvre quelque chose et qu’ils ne me trouvent pas dans mon appartement, ils viendront ici. Ils arrivent à faire dire tout ce qu’ils veulent aux personnes qu’ils interrogent sans même utiliser la force alors forcément mes parents diront tout.
- Et ils leur fourniront des informations erronées. » Exactement !
« Sois sage, et surtout sois naturel, ne panique pas si tu n’arrives pas à lire leurs pensées, évite de dire des conneries plus grosses que toi. » Je lui murmure ça avant d’ouvrir la porte, je salue mes parents et sors de la maison avec un peu d’appréhension. J’ai le sentiment que Dimitri va bien s’en tirer, c’est pour moi que j’ai un peu plus peur, mais je ne peux pas dire pourquoi…